L’opposition accuse le pouvoir de multiplier les obstacles à l’enrôlement des électeurs dans les provinces réputées hostiles au régime. Qu’est-ce que vous répondez ?
C’est une fausse accusation. J’ai heureusement les chiffres sous les yeux. Nous avons, pour l’ensemble, 31 millions d’électeurs attendus pour cet exercice. En comparaison, on en a eu 25 millions en 2006. Au jour d’aujourd’hui, il y a presque 24 millions déjà enrôlés. Et si nous entrons dans les détails, la province de naissance de M. Tshisekedi, le Kasaï oriental, a déjà enrôlé 83% des 2.400.000 attendus et le Kasaï occidental qui fait aussi partie de son hinterland politique, a déjà enrôlé 98% d’électeurs.
Dans la province de Kinshasa, par exemple, l’enrôlement a pris plus de retard. Au début du mois, seuls 25% de personnes en âge de voter ont été effectivement enrôlées. Est-ce qu’on va pouvoir inscrire plusieurs millions de personnes en 4 semaines ?
Ils sont déjà pulvérisés par la réalité. Entre le moment où ces statistiques nous sont parvenues et aujourd’hui, on a déjà doublé. Et on vient de prolonger les opérations d’enrôlement. Nous pensons que d’ici la fin du mois, nous aurons fait les 98% ou les 100% pour la ville de Kinshasa.
Donc, nous allons vers la prolongation des opérations d’enrôlement ?
Je ne peux pas le dire. Tout dépend de résultats auxquels la commission sera parvenue. Vous savez que nous sommes dans les délais extrêmement stricts pour ne pas aller au delà du 28 novembre comme date de convocation.
Ce 28 novembre évoque la date où doivent avoir lieu la présidentielle et les législatives. Mais dans un document interne, la CENI évoque la date du 24 décembre. Est-ce une date possible ?
Ce document secret si vous en avez eu communication, le gouvernement, pas. Jusqu’à présent nous tablons sur la date du 28 novembre pour la présidentielle et les législatives.
Le mandat du président expire le 6 décembre. Si jamais les élections sont reportées, est-ce qu’on ne va pas vers un vide constitutionnel ?
Non. Même si les élections devraient avoir lieu au delà de cette date de 6 décembre, il est stipulé dans l’article 70 de la Constitution que le président qui est en exercice reste en fonction jusqu’à l’installation du président élu. Et ici nous sommes dans une fourchette de quelques jours. Ce n’est pas une question de semaines ou de mois. Il ne faut pas exagérer.
Auteur de ces opérations, il y a donc la CENI. Son président Daniel Ngoyi Mulunda est membre fondateur du PPRD. Est-ce que ça ne nuit pas à sa crédibilité ?
Je pense qu’il a déjà eu le temps de tordre le cou à cette rumeur. C’est quelqu’un qui a joué le rôle du conseiller spirituel du président. Donc il n’est pas interdit à un pasteur protestant de conseiller spirituellement le chef de l’Etat. Il a déjà démenti d’avoir signé l’acte de création du PPRD. On lui a même trouvé des liens familiaux avec le président. Ce qui est totalement faux. Je pense que c’est de l’exagération.
Si vous regardez un match de football et qu’on vous dise que l’arbitre a joué dans le passé avec l’une des deux équipes. Est-ce que vous ne vous posez pas de questions ?
Il n’a pas joué dans le passé. On vient de vous dire qu’il a démenti. C’est l’opposition qui monte en épingle son appartenance à la province du Katanga. Il n’a pas joué dans le passé.
Il y a 5 mois, vous aviez supprimé le deuxième tour de la présidentielle. Est-ce parce que vous avez peur de perdre ?
Non. Parce que nous avions peur du désordre. On ne pouvait pas souhaiter au peuple un schéma à l’ivoirienne. Nous n’avons plus la possibilité de faire revivre à notre peuple les affres d’une guerre civile.
Etienne Tshisekedi affirme que le président Kabila a fait beaucoup de promesses. Il y a celles qui n’ont pas été tenues et qu’à la prochaine élection, il le paiera dans les urnes.
Le président Kabila a promis la pacification. Je pense que personne ne dira que le Congo n’est pas pacifié. Le président Kabila a promis la reconstruction. Je pense que depuis l’indépendance le pays n’a pas connu de chantiers aussi visibles : 5.000 Km de routes déjà faites. Nous avons donné la gratuité de l’enseignement primaire sur les trois premières années du fondamental dans les neuf provinces sur les 11. Bref, on ne peut pas dire d’un homme comme ça qu’il a un bilan négatif. Même si beaucoup reste à faire.
Depuis un mois, vous vous êtes engagés à rendre public tous les contrats signés dans les domaines des mines, du pétrole et de la forêt. Est-ce que vous allez rendre public, les contrats signés depuis cinq ans ?
Je pense qu’après la publication des contrats actuels, viendra le moment de publier tous les contrats depuis l’accession de notre pays à l’indépendance.
Tshisekedi affirme que même dans ses fiefs de l’Est, Kabila sera battu et qu’il ne pourra sauver les meubles que dans sa province d’origine, le Katanga.
Je pense que c’est une illusion. Pour preuve, lui, il n’est pas allé même dans son fief. Il préfère aller en Europe et aux USA. Vous savez, on ne chasse pas le naturel. Depuis le temps, M. Tshisekedi a toujours ramé vers l’extérieur. Il a été membre du collège de commissaires généraux qui était un instrument du coup d’Etat des néo-colonialistes contre le gouvernement de Lumumba. Aujourd’hui, il y ait encore, pendant que Kabila n’a pas à se faire enrober par les gouvernements étrangers comme M. Tshisekedi cherche à le faire.
Ces derniers jours, Tshisekedi a été reçu à Londres par le ministre britannique chargé de l’Afrique et à Paris par le conseiller Afrique du président Sarkozy. On sent que ça vous agace.
Cela ne nous impressionne pas du tout. Nous sommes lumumbistes au sein de ce gouvernement. Et nous pensons que le sort du Congo va se régler ici au CONGO et pas à Paris ou à New-York. Je pense que M. Tshisekedi a tord d’aller chercher le pouvoir à l’extérieur.
RFI